Céréales Terrain glissant !
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Les prix des céréales françaises continuent leur glissade cette semaine, sous la pression d’une offre mondiale abondante. Malgré une bonne activité portuaire, notamment vers l’Algérie, et un euro qui continue de céder du terrain face au dollar (tout en restant à un niveau relativement élevé), les blés français perdent environ 6 €/t sur le marché physique par rapport à la fin de la semaine dernière. Le rendu Rouen s’affiche ainsi à 154,25 €/t en qualité meunière, l’écart restant très faible avec les prix en qualité fourragère. Euronext (échéance de décembre) perd 1 €/t sur la semaine à 162,5 €/t.
Sous la pression des blés américains et russes
Cette baisse résulte de la pression exercée à la fois par les blés d’hiver états-uniens (HRW et SRW) et par les blés russes. Les blés d’hiver américains poursuivent leur violent décrochage après avoir décollé en juin et en juillet à la suite des blés de printemps. Ce suivisme était difficilement tenable car les blés d’hiver sont nettement moins protéinés que les blés de printemps, et ne peuvent que dans une faible mesure se substituer à ces derniers. Facteur aggravant : la récolte des blés d’hiver est désormais bien avancée et dévoile des rendements finalement très corrects malgré les mauvaises conditions climatiques de fin de cycle (gel à épiaison).
Le dévissage des prix du SRW et du HRW permet à ces derniers de revenir dans la compétition mondiale avec leurs homologues européens et russes. Ils jouent même désormais un rôle moteur à la baisse, de concert avec les blés russes dont les rendements exceptionnels ont pris le marché par surprise. Cette pression se traduit par un net recul du prix du blé russe, à 186 $/t Fob mer Noire pour le blé à 12,5 % de protéines (-7 $/t).
Les blés français, qui sont en compétition avec la Russie pour les exportations hors de l’Union européenne, sont donc condamnés à suivre le mouvement. Le dernier appel d’offres du Gasc égyptien atteste cette semaine encore de l’excellente compétitivité de la mer Noire, avec 295 000 tonnes remportées par l’origine russe, 60 000 tonnes revenant à l’Ukraine.
Le blé français sera sûrement en difficulté sur le marché égyptien en raison du récent durcissement du cahier des charges du Gasc (sur la protéine) mais l’origine tricolore dispose toutefois de solides arguments à l’exportation avec une qualité très satisfaisante cette année. Elle pourrait même profiter d’une situation qui commence à devenir inquiétante en Allemagne : les pluies récemment tombées outre-Rhin pourraient dégrader significativement la qualité dans ce pays et générer des opportunités pour la France, notamment au sein de l’Union européenne.
L’orge fourragère boit la tasse avec le blé
Les prix de l’orge fourragère sont entraînés par ceux du blé, et le rendu Rouen cède plus de 6 €/t, à 136,25 €/t, au plus bas depuis avril. Cela la met en bonne position pour remporter des marchés à l’international, du fait d’un prix plus compétitif que ceux de la mer Noire. Au vu de ces rapports de prix, on peut supposer que l’origine française sera très présente dans l’achat de l’Arabie Saoudite passé le 14 août pour 660 000 tonnes.
L’orge brassicole résiste, à 199 €/t Fob Creil en variété de printemps, et 163 €/t en variété hiver. En Allemagne, la récolte d’orge brassicole s’achève avec une qualité qui semble globalement satisfaisante, mais des rendements plutôt décevants. En France, les orges de printemps, dont la récolte est quasi achevée, constituent plutôt une bonne surprise : les rendements sont meilleurs que ce que l’on pouvait craindre à la suite de la canicule, et la qualité est au rendez-vous avec toutefois des protéines un peu élevées.
Une météo fraîche pour les prix du maïs aux États-Unis
L’annonce du retour de la pluie aux États-Unis a fait reculer les prix de cette origine, ce qui renforce la pression exercée par les excellentes récoltes sud-américaines. Si les États-Unis concrétisent leur bon potentiel, ce qui est en bonne voie sur la base des prévisions météorologiques actuelles, le bilan mondial de maïs sera très lourd en 2017-2018.
Exprimés en prix Fob, les prix des origines Brésil, États-Unis et Ukraine sont désormais au coude-à-coude, entre 161 et 165 $/t pour l’échéance d’octobre. Au Brésil, les récoltes de maïs et de soja sont tellement importantes que le pays est confronté à des problèmes de stockage. Les agriculteurs brésiliens semblent toutefois réticents à céder leur production au prix bas actuel.
La récolte est également colossale en Argentine, et cette origine est actuellement la moins chère du marché (153 $/t Fob). Selon les premières prévisions, les agriculteurs argentins pourraient encore accroître les surfaces affectées au maïs pour la prochaine récolte. Les semis débuteront en septembre.
En France, hormis la cotation La Pallice, qui perd 7 €/t sur la semaine, le Fob Rhin et le Fob Bordeaux résistent. La légère dépréciation de l’euro apporte un coup de pouce, mais le marché communautaire est surtout favorisé par le déclenchement du droit s’appliquant aux maïs importés, en raison des bas prix du maïs américains.
Supporté par la demande mondiale, le soja résiste
Le prix du soja à Chicago s’est effrité d’un peu plus de 1 $/t cette semaine, à 342 $/t. Les cours du soja nord-américains continuent d’être mis sous pression par des conditions météorologiques favorables aux cultures aux États-Unis. La bonne demande mondiale qui devrait s’adresser à cette origine, a toutefois permis un rebond des prix ces derniers jours. Reflet de cet intérêt acheteur, un groupe d’acheteurs chinois a signé cette semaine un contrat pour l’acquisition de 3,8 millions de tonnes (Mt) de soja états-unien.
Sur le marché de l’huile de palme, les cours, après s’être affaissés (faibles exportations de la Malaisie sur la première quinzaine d’août), retrouvent des couleurs dans la perspective de redressement de la demande asiatique préalablement aux grandes festivités qui se tiennent à l’automne en Inde et en Chine.
Coup de mou sur le colza
Les cours du colza français ont reperdu 3 à 5 €/t cette semaine après la hausse de la semaine dernière, à 357,5 €/t rendu Rouen, et à 367,5 €/t sur Euronext (échéance rapprochée). Ils ont suivi la même tendance que les canolas canadiens à Winnipeg qui ont connu un recul de cinq sessions consécutives sous l’effet du soja, avant de se redresser en fin de semaine.
Au final, le colza canadien perd 5 $/t sur la semaine, malgré les fortes craintes sur les rendements au Canada, où la sécheresse devrait avoir des conséquences notables pour la culture. En Europe, la production française constitue une belle surprise avec de très bons rendements, tout comme au Royaume-Uni. En revanche, c’est une nouvelle fois la déception en Allemagne, où la récolte pourrait s’établir en dessous du piètre score de l’an dernier.
Les tourteaux toujours sous pression
Les tourteaux de soja restent sous pression, du fait de la récolte mondiale record attendue en soja. Les prix ne regagnent qu’un petit dollar à Chicago, à 326 $/t, après le fort recul de la semaine dernière (-13 $/t). La baisse se poursuit pour la cotation à Montoir, où le tourteau cède à nouveau 3 €/t, à 303 €/t, sous l’influence notamment du petit affaissement de l’euro face au dollar. Les tourteaux continuent donc d’afficher un positionnement attractif dans les rations animales face aux autres matières premières.
Les cours du tournesol restent inchangés rendu Saint-Nazaire, à 340 €/t.
Le pois au départ de la Marne reste à 205 €/t, tandis que le prix du pois jaune rendu à Rouen s’effrite à 213 €/t.
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